Oui, enfin ... Chap eleven «
J’ai eu des nouvelles aujourd’hui ! » Sourit-elle en levant ses yeux émeraude sur lui. Le jeune homme répondit à son sourire puis s’avança à pas pressés vers elle.
Au début, la jolie jeune femme resta sur place, tentant de célébrer ce petit moment jusqu’à son Zénith, mais à peine fut-il assez près pour qu’elle puisse discerner les fins traits de son visage que son cœur se mit à palpiter, avec une telle vitesse, et une telle fougue que ses jambes suivirent. Elle sauta dans ses bras avec un sourire béa sur les lèvres quand un « Chhh » sonore se fit entendre.
Ludmia resta encore quelques instants à dévisager l’écran crypté avec un goût amer dans la bouche. Bizarrement elle pensait à Timo. Oui, elle pensait à lui. Un frisson, se disait-elle d’horreur, la parcouru mais elle sentait au plus profond de ses entrailles que l’horreur était autre.
- Je l’aime en le détestant. Laissa-t-elle échapper dans un soupir.
- Tu ne connais pas la valeur de ce que tu as jusqu’à ce que tu le perdes.
La jeune femme sursauta. Elle dévisagea le jeune homme qui venait de rentrer.
- La porte était ouverte. Expliqua-t-il en rougissant.
Elle eut un sourire au coin en voyant la petite bouille de son ami prendre cette teinte.
- Allé viens musculor !! Sourit-elle en lui faisant une petite place à coté d’elle.
- Jan ! Je m’appelle Jan !! Marmonna-t-il néanmoins.
- Oui tu t’appelles Jan mais tu es mon musculor.
Lud’ nicha sa tête dans son épaule puis éteignit la télévision.
- Ludi. Soupira-t-il.
- Oui ?
- Tu te laisses abattre !
- J’ai déjà était abattu une fois.
- Ce qui ne te tue pas devrait te rendre plus forte !
- Je te l’ai dis Jan, je suis déjà morte. Sourit-elle sincèrement.
- Pas tant que moi je serai là.
- Juste un peu de temps encore, et j’irai mieux.
- J’ai attendu un peu trop longtemps, je t’ai observée prétendant ne rien remarquer. Mais …
- Chut ! L’interrompu-t-elle. Moi aussi j’ai attendu un peu trop longtemps. Moi aussi j’ai maquillé mon monde de tromperie, et je ne suis pas assez forte … Ma tête sonne creuse, et mon cœur tambourine de plus en plus lentement. Je le sens. Un jour il s’arrêtera sur ce que j’essaye de devenir.
Le jeune homme l a serra fort contre lui.
- Tais-toi ! Tu me fais peur. Couina-t-il les yeux larmoyants.
- C’est une malédiction. Une loi des séries !
- Non, c’est la providence qui s’entremêle un peu mais ça s’arrangera …
- Lili est partie et Lina va peut-être la suivre.
- Lina ? Fit-il surpris.
- Quoi Lina ?
- Attend, tu ne le sais pas ?
- De quoi ?
- Linke est allé la voire il y a plus de 3 heures. L’hôpital a appelé. Elle est réveillée Ludmia.
La jeune femme fit un bond. Elle résonnait …
Oui, elle résonnait à nouveau. Entre trois silences. Puis deux. Puis un. Puis aucun.
Cette petite mélodie à la fois triste et entraînante, recommençait à vibrer à l’intérieur de son cœur. Comment avait-elle fait pour ne rien sentir avant ? Peu importait. A présent elle l’entendait battre de l’aile.
«
Et à chaque fois que tu souris,
Que tu ris,
Je revis.
Mais tu ne le sais peut-être pas. »
Lud’ se leva et courut vers son armoire sans un regard au petit DJ. Elle prit un jean à la hâte et garda son T-shirt large.
- Je vais lui niquer sa race votre bassiste. Fit-elle dans un éclat de rire. Merci mon petit Jan. Elle s’approcha de lui et le smacka dans un élan de joie avant de sortir en courrant.
--
Il avait couru lui aussi. A perte d’haleine et avec cette légère douleur thoracique qui ne le quittait plus. Avec le temps, elle se faisait de plus en plus familière, de plus en plus sienne. Sa souffrance aujourd’hui ; agréable marquait une fine lamelle entre son passé et son futur.
Linke sourit, puis s’arrêta en face de la porte.
Un vent suave vint caresser chaque courbe de son cœur. Il frôla la poignée dans une seconde de plénitude qui, il l’espérait de tout son art, ne perturberai plus jamais son bonheur.
«
Fonce ! »
Linke entra dans la chambre, le cœur palpitant. Une nouvelle essence de vie circulait dans tout son corps. Avec une vitesse, une force telle qu’il en avait le vertige. Son regard se posa sur le lit : Elle était là. Fidèle à elle-même. Ses cheveux naturellement ébouriffées cachaient la moitié de son visage tendit que ses jambes qu’elle serrait contre sa poitrine dissimulaient la deuxième moitié.
- Lina ? Se risqua-t-il.
La jeune brune leva ses yeux devenus verts bouteilles grâce à la lumière du jour qui filtrait par la fenêtre, puis l’observa silencieusement. Son regard s’absenta sur la silhouette si connue de son fiancé. Lui, qui avait autrefois par un seul baiser canaliser toutes ses peurs, toutes ses frayeurs en un seul battement de cœur. Un seul, qui la condamna à vivre à tout jamais.
Elle eut un petit sourire puis baissa les yeux.
- Oui, c’est bien moi…
Sa voix se perdit au fond de sa gorge tout à coup. Linke la regarda longuement puis fendit sur elle afin de la serrer dans ses bras. Surprise elle se laissa faire au début, mais elle finit par se décaler en évitant de le regarder.
- Je suis désolée. Commença-t-elle. Désolée de n’avoir rien dit.
- Non, je suis désolé de n’avoir rien compris.
- Tu n’as jamais été très doué pour comprendre.
- Et toi pour dire.
- C’était alors voué à l’échec.
- De quoi ? S’inquiéta-t-il.
- Nous. Siffla-t-elle.
- Peut-être. Réfléchit-il.
- C’est bizarre.
- De ?
- Je me sens si … Je … J’avais prié si fort de te trouver un jour, ma prière fut exaucée mais le ciel m’a prit beaucoup plus qu’il ne m’avait donné…
- Lina je t’aime !
- Linke je l’ai perdu !
- On en aura d’autres !
- Non, tu en auras d’autres !
Il se tut.
- Je ne peux plus … Commença-t-elle avant d’étouffer un sanglot qui vint la secouer.
- Dans ce cas, je n’en aurai pas d’autres non plus.
Le bassiste s’approcha d’elle et la prit dans ses bras.
- Je veux remonter le temps. Soupira-t-elle en se laissant aller.
--
« Et il ne savait pas,
Si cela allait brisait son cœur
Où plutôt les sauver…
Alors, il se laissait aller à ses doutes.
Parce qu’au fond,
Ça ne finirai jamais »
Timo soupira en passant devant l’immense muraille taguée qui séparaient les prisonniers d’une liberté si relative. Il frissonna. Cet endroit lui donnait la chair de poule.
Le jeune homme rajusta sa casquette puis s’avança au guichet où il se présenta comme un visiteur. Le responsable d’accueil le regarda d’un œil mauvais mais le laissa tout de même passer en lui recommandant de longer le long couloir jusqu’à atteindre une salle d’attente aussi froide que morbide. Timo s’exécuta en silence puis s’assit sur un banc titubant.
Après quelques minutes, une femme d’age assez avancée s’approcha de lui. Elle lui fit signe de la suivre puis le guida vers une autre pièce encore plus vide de chaleur humaine que la première. Il s’assit en face d’une vitre et attendit patiemment.
A chaque coin, il l’imaginait elle ici. Seule, et captive de ces quatre murs de glace.
- Mon Dieu, Ludmia. Pensa-t-il.
Ce fut à cet instant là, qu’un visage inconnu apparut en face de ses yeux. Il tressaillit. Cet homme avait quelque chose de flippant qui virevoltait tout autour de son corps musclé et parfaitement taillé. Timo en déduit qu’il devait passer ses heures perdues à sculpter son corps plutôt que d’instruire son esprit.
- Bonjour. Fit-il poliment.
- Muais. Vous êtes ?
- Un ami de Ludmia.
- Ludmia ? Répéta le jeune homme.
- Julie. Corrigea Timo.
- Ah.
Il sourit. Bizarrement, son sourire bien que joliment formulé avait assombrit son visage.
- Je … Je voudrai que vous m’aidiez.
- Et pourquoi ?
- Andrea vous savez tout !
- Oui, mais ça ne veux pas dire que je vous direz tout.
- J’en ai besoin. Elle en a besoin.
Le cœur du jeune blond fit un bond puis se serra tout à coup.
- Elle a sa liberté je ne vois pas ce qu’il lui faudrait de plus.
- Une nouvelle chance !!
- Ecoutez …
- Timo !!
- Ecoutez Timo, mes jours sont si seuls mais se sont les miens ! Si je suis venu ici, ce n’était que pour pouvoir me dégourdir un peu les jambes. Et rien de plus.
- Vous ne me direz rien ?
- Vous devriez lui demander.
Timo se leva et fit volte face. Andrea le mesura du regard puis ria.
- Attendez !
Timo se retourna.
- Comment va-t-elle ? Demanda-t-il dans un rire qui cachait bien des émotions, bien de la culpabilité.
Timo ne répondit pas et sortit.
--
Grelottante, elle rajusta son col puis saisit son portable une deuxième fois. Ses mains tremblaient de froid. Et de peur aussi. Combien de temps encore lui feront-ils payer ses erreurs passées ? Pourtant Pam s’était bien repentie.
Elle composa un deuxième numéro.
- Frank ! Supplia-t-elle.
Le jeune, n’en revint pas en reconnaissant la voix si familière de Pamela. Il marqua un léger silence comme pour réaliser.
- Pam ?? C’est toi ?? Osa-t-il enfin après quelques minutes.
- Oui.
- Je … C’est … Wah quelle surprise !! Fit-il sur le cul.
- Je veux revenir. S’étrangla-t-il.
- Mais, tu ne peux pas.
- Pourquoi ? Combien encore me ferez-vous payer …
- Les choses ont changés !! Rétorqua-t-il.
- Alors laissez moi revenir … Une deuxième chance encore.
- Lili est morte. Informa-t-il.
- Quoi ?
Le cœur de la jeune blonde rata un battement.
- Je …Quoi dire. Pleura-t-elle.
- Il n’y a rien à dire, tu ne peux juste pas revenir ! Annonça-t-il fermement.
- Tu as raison. Souffla-t-elle peinée malgré tout. Frank, je suis si désolée. Désolée d’avoir tout briser …
- Tu n’étais pas la seule Pam. Tu n’étais pas la seule à blâmer ce jour-là.
- Si !! Fit-elle dans un sanglot. Et je m’en voudrais toute ma vie encore. Lili ne méritait pas que je la jalouse de la sorte, que je la méprise de t’avoir. Son regard sombre, ce jour-là tandis que moi j’étais pendue à ton cou comme une greluche prête à chaque minute à te voler un baiser …Jamais il ne me quittera ce regard …
- Je ne t’ai pas repoussé Pam. Avoua-t-il.
- J’ai brisé notre amitié et votre couple. C’est à cause de moi si vous en êtes arrivé à ce stade. Souffla-t-elle maussadement.
Frank se tut. Il était vrai que ses infidélités lui avaient tant values de peines et de remords. Son cœur se serra et sur ses joues des larmes de peine creusèrent le sceau de son désespoir.
- Non, Pamela… Elle m’a embrassé avant de partir. Elle m’a juste dit au revoir, et m’a fait promettre de ne pas la pleurer, alors toi aussi ne pleures pas. Oublie le passé et vis ta vie. Murmura-t-il d’une voix nouée.
Ces paroles parurent à la jeune femme en détresse tel un message de délivrance. Elle sécha immédiatement ses larmes et sourit en regardant le ciel au dessus de sa tête.
- Merci Frank, mais sache qu’il ne se passera jamais un jour ou je ne lui adresserai une prière. Du cœur vers le ciel.
Elle raccrocha puis enfouit son portable dans sa poche. Pamela avança le long de son chemin. Sans aucun détour, elle frôlait cette rue principale qui à chaque pas l’éloignait d’eux. Et pourtant une part de son cœur les gardera toujours en elle, cette même partie qui continuera à la blâmer à tout jamais.
«
La blâmer d’avoir été humaine ! »
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- Attendez !! Cria un vieil homme en tenue de service. Il avait assisté, de son coin, à la scène produite il y a quelques lignes avant entre Timo et le prisonnier Andrea. Dès que le jeune rappeur fut sortit il le suivit en courrant. Attendez !! Répéta-t-il.
Timo se retourna enfin.
- Oui ?
L’homme essoufflé, se tint la poitrine avant de se redresser et de tendre une enveloppe à son interlocuteur.
Le MC le regarda avec de gros yeux.
- Ici, vous trouverez toutes les réponses que vous voulez. Expliqua-t-il en faisant volte face.
Timo saisit l’enveloppe et regarda le gardien de prison faire volte face puis s’éloigner. Non, il ne l’arrêta pas. Non, il ne chercha pas à comprendre le pourquoi du comment. Son esprit, trop occupé, ne répondait qu’au seul nom de : Julie Vervier inscrit sur la préface des documents qu’il tenait.