Epilogue…: lettre à ma soeur...« Ma chère sœur,
Toi qui as bercé mon enfance,
Toi qui pleureras sur mes mots…
La vie… Un mot…Un simple mot détenant tant de significations, tant de larmes, de sourires, de moments passés, présents, et à venir…
Dans cette vie, il y a des gens qui s’approchent mais n’arrivent pas à se trouver, tu sais.
Des gens qui deviennent parfois de chaire et de sang pour une vie entière.
Des gens qui deviennent un souvenir au goût légèrement amer…
Mais dans un cas ou dans l’autre, il ne tenait qu’à nous de saisir notre chance en vol.
Dans cette vie, il y a des gens qui s’aiment mais ne se trouvent pas au moment voulu. L’un veut l’autre quand ce dernier n’est pas libre ou pas prêt… L’autre arrive quand l’un a enfin fermé leur livre et passé à un autre…
Dans la vie, il y a aussi les gens que l’on aime tellement, plus encore qu’un amour passionnel, qui sont toujours là au moment voulu…
Que ce soit un Amour naissant tué en plein vol, partagé mais non vécu dans la réalité, un songe parmi tant d’autres…
Ou une Amitié plus profonde qu’un gouffre dans lequel on ne peut que tomber…
De l’un ou l’autre, les sentiments sont plus forts, plus partagés qu’une simple histoire d’amour ou d’amitié.
De l’un ou l’autre, nous n’en sortons jamais entiers…
Jamais…
Dans la vie, il y a des gens qui font des erreurs de parcours, non voulus, provoqués par d’autres mais qu’ils ne savent pas gérer immédiatement…
Et il y a ces gens têtus qui ne veulent pas écouter immédiatement…
Tous trop pris dans les sentiments dévastateurs du présent.
Il n’existe pas de futur pour eux… Pourtant il est là.
Dans la vie, il y a ceux qui vivent le moment présent pour ne pas se soucier du futur et de ses implications…
Ils pensent pouvoir échapper à leurs sentiments, à leurs questions, à leurs doutes…
Mais ils ne se rendent pas compte qu’un jour, tout leur saute en pleine face…
Mais ce sont ces gens-là que j’envie le plus…
Ils vivent le présent plus fort que tous les autres….
Mais est-ce la solution ? Pour moi, ça l’est pour un instant seulement….
Un jour il faudra faire face qu’ils le veuillent ou non…
Et il a ces gens que l’on rencontre et qui marque votre vie.
De passage ou pas, ils restent gravés en vous comme au fer rouge.
Et j’en ai rencontré un…
Il a gravé son nom dans mon cœur, mon âme et même sur ma peau. J’ai essayé de me protéger de lui mais je n’y suis pas arrivé.
Ce sont ces gens-là les plus dangereux parce que quoi que l’on fasse, leur nom reste là au fond de vous et vous laisse un goût acide dans la bouche.
Au moment où ces lettres sont couchées sur ce papier, l’acide rempli ma bouche et mon cœur brule de son nom.
Je lui dis adieu. Je lui dis que je veille sur lui de là où je serai. Je lui dis qu’il n’a rien à se reprocher.
J’ai voulu, malgré tout, touché son univers et voir ce qu’il voyait. J’y suis parvenu mais je restais amer d’un amour passé.
Pardonne-moi ! Ce n’était que de l’égoïsme.
Pardon !
Je sais que la blessure que je te laisserai restera à jamais indélébile. Mon égoïsme a été plus fort que ton nom en moi.
Puisses-tu un jour penser à moi sans me haïr !
Tu sais grande sœur, Tous ces gens que je décris, je les ai rencontrés. Vous êtes, tous, tous ces gens là… Vous êtes la Vie.
Je voulais te dire : je ne regrette rien. J’ai fait ce que je devais faire.
J’ai juste une faveur à te demander même si je sais que c’est mal venu de ma part : Occupe d’Eux. Ne les laisse pas seuls. Ne les abandonne pas comme moi. Ils ne méritent pas ce que je leur fais vivre.
Explique- leur que je les aime malgré tout. Que je ne voulais pas les abandonner mais que j’y ai été obligé. Explique-leur tout cela sans rien leur cacher. Ils comprendront comme toi, tu comprends. Tu m’en veux, je le sais mais je sais aussi que tu comprends mon geste. Tu sais ce que je ressens. Je ne peux pas continuer comme ça. Ma vie n’est pas belle. Ma vie sans lui est vide de sens. Oui, je l’ai rencontré. Oui, il a marqué ma vie et oui, je l’aime mais pas comme lui. Pas comme je devrais le faire. Rien n’est plus pareil depuis sa mort. Mon corps a fini par vouloir retrouver mon âme envolée avec lui ce jour-là.
Je vous remercie de m’avoir fait vivre mon rêve, de m’avoir permis de vous rencontrer et apprendre ce que c’est de vivre.
Je vous remercie pour tout ce que vous m’avez donné.
Je te remercie, toi, pour tout l’amour que tu m’as offert cette nuit-là. Je te remercie pour ce souffle de vie pure que tu as insufflé dans mon cœur. Tu m’as rendu vivante une dernière fois.
Merci du fond du cœur.
Je veille sur vous ! »
Voilà la centième fois qu’elle lisait et relisait cette lettre. Le papier était chiffonné, couvert de tâches parce que l’encre avait coulé. Sans doute de l’eau avait-t-elle rencontré le papier, malencontreusement ?! Olivia fourra le papier dans sa poche et tira ses valises vers une grande maison blanche.
L’enterrement avait eu lieux une semaine plus tôt. Très sobrement. Sans fioriture. Aucun journaliste. Juste la famille. Proche ou presque pas.
Elle n’avait pas versé une seule larme. Elle devait avoir écoulé tout son stock de larmes au fond d’elle.
Elle poussa la grande porte brune et posa ses bagages dans l’entrée. Les couleurs étaient vives, chaudes, accueillantes. En fermant les yeux, elle pouvait voir Anna marcher au bord de l’escalier et lui sourire pour lui souhaiter la bienvenue chez elle.
« Lili ! » Hurla une petite fille aux cheveux noirs longs et aux yeux verts gris suivit d’un petit garçon aux cheveux courts bruns clair et aux bleu.
Ces enfants étaient les portraits crachés de leurs parents. Elle faillit se remettre à pleurer mais resta forte pour eux…
Pour ces enfants qui n’avaient rien demandé à personne.
« T’as ton téléphone qui vibre ! » Déclara la petite fille dans les bras d’Olivia.
Elle posa la gamine par terre et sortit son téléphone.
Cinq appels de Frank…
Trois de Timo…
Quatre de Linke…
Deux de Juri…
Six de Jan…
Elle soupira et posa son appareil sur une petite table basse. Elle était partie dès que l’enregistrement avait été bouclé. Sans un mot. Pas même un au revoir.
Les filles étaient parties deux heures plus tard. Elles avaient tenu à dire au revoir aux garçons. Elle n’avait pas pu. Elle n’aurait pas su. Trop la rattachait à eux. Trop… Et trop peu aussi à présent.
C’était trop compliqué. Et voir Juri se haïr pour une faute qu’il n’avait pas commise était au-dessus de ses forces. C’était égoïste, elle le savait mais elle ne se sentait pas en mesure de lui venir en aide. Pas maintenant. C’était trop tôt.
Et puis, elle avait deux bouts de chou à protéger maintenant et surtout à aider à vivre sans leurs parents.
Chère Anna, Ma chère petite chipie,
Tu parles de la vie comme un cadeau…
Tu parles de la vie comme un bienfait…
Faite de gens de passages et de gens qui restent un temps voir plus longtemps…
Faite de gens qui font de ta vie un Paradis que tu aimes…
Dis-moi, petite sœur, si c’était aussi beau, pourquoi as-tu tout quitté même tes propres enfants ? Ne valaient-ils pas la peine que tu te battes contre ton chagrin ? Etait-ce trop dur pour toi qui savais ce qu’était l’abandon ? Pourquoi leur fais-tu vivre ce que tu as vécu toi-même ?
Tu parles d’Amour, d’Amitié,
Pourquoi avoir tout plaqué…
Tu parles de sentiments…
Mais tu te mens.
Tu mens,
Tu n’as pas aimé tous ces gens,
Tu les as regardés passer dans ta vie sans chercher à les retenir
Parce que tu savais que tu allais partir.
Tu mens,
Tu n’as pas apprécié la Vie,
Tu n’as pas aimé l’Amour correctement,
Malgré ce que tu as dis.
Tu as tout abandonné même celui qui t’as insufflé un moment de vie pure. Il était là pour se soutenir, pour veiller sur toi. Il t’offrait une nouvelle vie. Tu as préféré te voiler la face et sortir de nos vies tragiquement.
Mais ma vie ne sera pas du Shakespeare, petite sœur. Je ne mourrai pas après toi. Lui non plus, je l’en empêcherais. Je ne suis pas encore assez forte mais ceux que tu as laissés derrière toi, se détacheront du nom que tu as gravé en eux et qui les brûle. Nous guérirons cette brûlure. Non pas de nos larmes mais de notre amour et de nos souvenirs de toi.
Sache, petite sœur, que tu seras dans nos cœurs mais non pas gravé, juste un souvenir que nous chérirons mais qui ne nous empêchera pas de vivre.
Nous ferons ce que tu n’as pas su faire même si cela nous parait impossible à l’heure où j’écris ces mots.
Nous y arriverons.
De là où tu es, nous te ferons sourire. Je te le jure.
Oli… »