Chapitre 3: un petit tour en montagne...« Maman, ça tourne ! » Gémit Violette dans son lit.
Ludmia lui tendit un cachet d’aspirine et un verre d’eau.
« Mais arrête de bouger, tu me files le tournis. » Râla-t-elle.
« C’est ta tête qui te joue des tours. Je ne bouge pas ! »
Violette tapa son front contre le sol. Ludmia leva les yeux au ciel.
Nouha hurlait avec Jan dehors autour de la piscine. Linke attendait à la terrasse de voir la tête de Vivi. Timo était passé très tôt au matin pour la réveiller à coup de « GEHT AB » version portable. Il s’était mangé une statut de la vierge en pleine tronche. Il ne s’était, visiblement, pas attendu à ce qu’elle sache viser aussi bien, vu son expression de surprise totale.
Ludmia faillit éclater de rire en voyant Violette tituber dans le salon, la cuisine puis manqué de se prendre la porte vitrée, fermée, en pleine poire. La jeune femme se laissa tomber sur sa chaise sans aucune grâce.
Tous la regardaient émerger avec difficulté.
« Quoi ? » Grogna-t-elle en les fusillant du regard.
Peut-être aurait-elle pu les impressionner si ses yeux n’étaient pas quasi inexistants.
« Sinon t’as quel âge ? »
« Nan mais c’est quoi cette question dès huit heures du matin… T’es malade ! » Grinça-t-elle en essayant de la taper mais le manqua de dix centimètres. « Je fais pas de math aussi tôt moi ! »
Et elle replongea dans sa tasse de café au lait et surtout beaucoup de sucres. Elle ne boit peut-être pas de coca ou de limonades mais elle se rattrape le matin avec le sucre au café…
Ludmia était rouge à se retenir d’éclater de rire. Elle inspira profondément et expira. Ca commençait à se calmer.
« JAN DJ DE PACOTILLE REVIENT ICI TOUT DE SUITE…SALETE DE MORFABLE IMPUISSANT… » Hurla Juri du gîte d’en face.
« Que se passe-t-il encore ? » Soupira David, avachi sur un transat.
Jan courut jusque dans le gîte des filles et alla se cacher dans une des pièces de la maison.
« Que t’arrive-t-il ? » Demanda David à Juri.
« Cet abrutit à manger tout le chocolat. » Grogna Juri, de très mauvaise humeur. « IL A BOUFFE LE CHOCOLAT JUSQU’AUX DERNIERS MORCEAUX ! Si je l’attrape, je l’éventre, l’étripe, le pend par les boyaux et fait un collier avec son intestin. »
« Avec ça, il va sortir de son trou à coup sûr ! » Ricana Ludmia.
Juri ne prit pas attention, entra dans le gîte.
« Tu crois qu’il est marqué à l’encre invisible : entrée gratuite, sur la façade du gîte ? » Demanda Violette en baillant.
Lud sourit. Elle entra dans la maison pour trouver Juri assis sur Jan, le frappant avec un gros coussin et l’empêchant de bouger. Elle secoua la tête.
Ils se connaissaient depuis hier et pourtant, ils prenaient déjà leurs aises chez les uns comme chez les autres. C’était ahurissant.
Ils n’avaient pas parlé plus que cela pourtant. Juste un instant sur la terrasse. Une soirée de buverie par hasard et le matin autour d’une table, presque tous ensembles. De loin Lud était certaine qu’on aurait pu les prendre pour un groupe d’amis voyageant ensemble.
Elle vit Timo poser les assiettes et les couverts du petit déjeuner dans l’évier.
« Tiens, t’es devenu serviable toi maintenant ? »S’étonna-t-elle.
« T’y habitues pas ! » Cracha-t-il en sortant.
Ludmia savait son comportement un peu… beaucoup… puéril mais dès qu’elle l’avait vu, elle avait eu envie de lui arracher les yeux. De le frapper. Pour une raison vraiment inconnue.
Il ne lui avait rien fait pourtant.
Oui mais il l’exaspérait au plus haut point. Il la mettait en boule à chaque fois que leurs regards se croisaient. Comme en cet instant.
« Quoi encore ? » Grogna-t-elle.
« Tout doux Médor, je t’ai parlé peut-être ? » Grinça-t-il en se détournant.
Pourtant une partie d’elle avait envie de le prendre par le bras et de l’embrasser.
« N’importe quoi ! » Souffla-t-elle en balayant ses idées de sa tête.
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Lud soupira pour la quatorzième fois depuis le début de la randonnée. Frank avait soumis une idée « génial » qui l’avait beaucoup enthousiasmée auparavant mais qu’elle maudissait maintenant : une randonnée commune.
Petit bémol : chaque groupe avait son boulet nommé communément : Timo et Nouha.
Ils n’avaient de cesse de se plaindre.
1 : Du soleil trop chaud… comme s’ils y pouvaient quelque chose.
2 : De la longueur de la marche… C’est une randonnée et qui dit randonnée dit loooongue marche à travers la montagne mais ils semblaient l’avoir oublié.
3 : Du manque de glace… Mais aucun des deux n’avait voulu porter les deux glacières donc ils étaient partis sans. Après tout, les autres avaient leurs sacs avec leurs bouteilles pleines.
4 : Du soleil… oui ! Non ! Ca, elle l’avait déjà dit.
Donc elle soupira une quinzième fois avant d’éclater.
« VOS GUEULES ! » Hurla-t-elle. « Vous me faites chier… Bande de cons ! Jetez-vous de la falaise qu’on en parle plus ! »
Timo et Nouha se regardèrent en s’éloignant légèrement d’elle.
« C’est toi qui a pêté une durite, Ludmia ! » Grimaça Timo. « Faut te calmer. »
Violette attrapa Ludmia par le bras et la força à avancer.
Timo fit des grimaces avant de se manger une pierre en pleine tronche. Il voulut relancer le projectile sur la fautive mais David et Juri l’en empêchèrent. Il se mit à bouder derrière le groupe.
« Ca va mieux ? » Demanda Violette.
Lud fit la moue en avançant à grands pas. Seul Frank avait su suivre le mouvement mais à ce qu’il avait dit, il avait l’habitude des randonnées comme celle qu’il faisait.
« Il m’agace ! »
Violette sourit en comprenant de qui elle parlait.
« Bah ! Ca va te passer… »
Lud secoua la tête négativement.
« Je ne crois pas. »
« Lud… Nous sommes en vacances, profite comme tu l’as toujours fait. On s’en fout du reste ! » Déclara Violette.
Lud pinça ses lèvres. Oui, elle avait toujours profité de ses vacances. Pourquoi pas cette fois ? Parce qu’il s’agissait de stars ? Comme si, elle s’arrêtait à ça… Elle.
Non !
Lud sourit à Violette. Oui, elle profiterait mais ça n’empêchait qu’elle voulait toujours le castrer ce con.
« Elle est génial, Nou ! » Sourit Jan à l’attention des deux filles devant.
Ludmia grimaça :
« Je t’en pris. J’aimerais l’abandonner dans une grotte et me suicider pour qu’elle ne me retrouve jamais ! »
Jan la dévisagea en se demandant si elle rigolait ou pas. Ce fut Violette qui l’éclaira en éclatant de rire.
« Han ! Tu casses mon effet, Vi ! » Rouspéta Ludmia en la tapant derrière la tête.
Violette lui sourit et s’arrêta pour attendre les autres. Ludmia se retrouva seule avec le chanteur.
« Tu en pinces pour notre MC ? » S’enquit ce dernier un demi sourire accroché aux lèvres.
« Retourne cuisiner à poils avec ton tablier, chanteur de pacotille ! » Grogna-t-elle en le dépassant.
Elle était parmi la gestapo ou quoi ? De quoi ils se mêlaient tous.
La randonnée se passa plutôt bien. Entre les gémissements de Timo et Nou, et les arrêts de David qui avait une vessie de la taille d’une balle de ping-pong, ils mirent quatre heures de plus que prévu pour faire leur promenade.
Même Frank avait perdu son sang-froid deux fois contre les deux boulets et il avait fini par interdire à David toute pause pipi sous peine de se retrouver eunuque.
« J’en peux plus ! » Grogna Timo en se laissant tomber sur un transat. « Je bouge plus, je suis mort ! »
« T’es une petite nature en fait ! » Se moqua Violette.
Timo lui tira la langue mais ne bougea pas. Il regarda Ludmia passer. Leurs regards s’accrochèrent. Elle était tentée de baisser les yeux mais s‘y refusa.
Il perdit en détournant la tête gêné.
Violette leva les yeux au ciel en voyant le sourire de vainqueur de Lud. Elle ne changerait vraiment jamais.
« Toi aussi, tu as remarqué ? » demanda Linke à voix basse.
« De quoi ? »
Linke lui désigna Timo et Lud d’un signe de tête.
« Ils s’attendent… »
« Ouais, jusqu’à la fonte glacière si tu veux mon avis. Ils sont aussi coincés l’un que l’autre… »
« Moi j’aurais dit fier ! »
« C’est la même chose ! » Ricana-t-elle.
Linke rigola avec elle.
« Dis… vous êtes venus faire quoi ici ? » Demanda-t-il finalement.
Elle lui tendit un verre de limonade fraîche que Lud et Juri venaient d’amener sur un plateau.
« Se reposer. Chaque année depuis trois ans, chacune à notre tour, nous décidons d’un voyage. Cette année, c’est Lud qui a pris les choses en main. On a voulu recharger nos batteries ici. »
« Désolé si ça tourne court. Nous ne sommes pas vraiment reposant. » Sourit-il avec un sourire d’excuse.
« Quand je dis « reposer », c’est juste ne pas penser à nos factures, nos cours, nos cœurs et le reste de la vrai vie quoi ! » Expliqua-t-elle. « Pas ne pas faire les connes ! »
« Oui, on a vu ça hier soir ! » La charia-t-il.
Violetta piqua un fard monumental. Elle s’était tapé la honte.
Ludmia aimait beaucoup discuter avec Juri. Il était discret mais voyait tout ce qui se passait autour de lui et que les autres ignoraient. Là, il s’amusait à commenter la discussion de Linke et Violette. Ca la faisait marrer comme jamais.
« Le cuisiner à poil en tablier bleu demande s’il peut faire chauffer la viande au barbecue ! » grogna Frank.
Ludmia lui fit un petit sourire.
« Pardonne-moi, Frank. Je n’aurais pas dû te parler comme ça. »
Il la dévisagea légèrement.
« T’es sincère ? »
« Promis ! » Sourit-elle, gênée.
Frank sourit à son tour avant de la pincer avec la pince à viande.
« C’est ma vengeance ! » Ricana-t-il avant d’allumer le barbecue et de mettre la viande sur le grill.
Elle ne fit aucun commentaire mais préparait sa vengeance.
« Bon… Il manque quelque chose à ce souper ! » Déclara Timo en se levant de son siège.
« t’es pas mort ? » Lança-t-elle. « Dommage ! Je pensais enfin être au calme… »
« Va crever ! »
« Après toi… » Sourit-elle froidement.
« Je suis galant donc je te laisse la place. »
« Tu sais où tu peux te la coller ta galanterie à la con ? »
« OH TEMPS MORT ! A TABLE ! » Hurla Frank leur brisant les tympans.
« Normalement, c’est moi qui hurle comme ça pour nos chansons. » Bougonna Timo en prenant place autour de la table. « Mais je veux pas qu’elle soit à côté de moi elle. »
« Le elle a un nom… »
« Je m’en balance figure-toi. Déguerpis. »
« Je suis dans MON gîte, alors va bouffer dans la niche du chien, crevard ! »
Ils se fusillèrent du regard.
« Il me semble que Timo avait raison : il manque le clou de la soirée. » Décréta David.
Lui et Frank attrapèrent Lud qui se débattit. Juri, Linke et Jan prirent Timo.
Les deux victimes hurlaient à la mort, donnèrent des coups mais ils se retrouvèrent tout de même à l’eau.
Lud sortit, trempée. Elle les fusilla du regard mais les snoba. Elle ne leur ferait pas le plaisir de hurler comme une hystérique. Timo grogna des insultes bien senties en rentrant dans le gîte. Il prit la première salle de bain venue et enleva son t-shirt.
« Ca y est, tu te sens chez toi ! » Le fit sursauter une voix dans son dos.
Ludmia était en sous-vêtements en face de lui. Timo déglutit difficilement. Elle était vraiment bien foutue.
« EYH ! Ta porcherie se trouve de l’autre côté de la piscine. » Le réveilla-t-elle en se tenant devant lui.
Timo la détailla. Un sourire carnassier se dessina sur son visage ce qui ne plus pas du tout à Lud.
« Timo, sors de cette salle de bain. MA salle de bain. Dégage. »
Il s’approcha d’elle à pas lents.
« Je te préviens, je hurle. »
« Hurle si tu veux. Ils ne t’entendront sans doute pas. »
Il était proche… Trop proche à son goût.
« Tu ne m’aimes pas hein. » Chuchota-t-il. « Moi, non plus. »
Elle le regarda sans comprendre.
« Pourtant… »
Elle sentit son souffle chaud sur sa peau. Elle frissonna légèrement ce qui ne lui échappa pas. Son sourire s’élargit encore plus. Il s’approcha du cou de Lud et souffla légèrement dessus. La chaire de poule l’envahit.
« Sensible ? »
« Je t’emmerde ! » répliqua-t-elle le faisant rire.
Il plongea son regard dans le sien.
« Je te hais, Ludmia… Sans aucune hésitation. »
Il l’attrapa violemment par la nuque, l’attira vers lui et l’embrassa brusquement en écrasant ses lèvres contre les siennes.
Ludmia répondit à son baiser avec toute sa hargne accumulée depuis leur rencontre.
Ils finirent par se séparer à bout de souffle. Ils se rendirent compte de ce qu’ils venaient de faire, se séparèrent en se fusillant du regard. Timo sortit de la salle de bain sans un mot mais en reprenant un semblant de calme.
Ce baiser l’avait retourné… Complètement mais il préférait s’arracher la langue et la manger plutôt que de l’avouer à voix haute.
Ludmia resta un long moment sur le rebord de la baignoire, les yeux dans le vague à penser à ce qui venait de se dérouler.
Mais qu’est-ce qui lui arrivait ? Elle n’avait jamais ressenti cela avant. Une passion d’une violence inouïe. Elle le haïssait autant qu’elle pouvait le désirer. C’était complètement irrationnel comme situation.
Elle se changea en vitesse, rejoignit les autres sans un regard à Timo. Mais elle croisa celui de Violette. Elle allait se faire cuisiner une fois qu’elles seraient seules.
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